• BURIDAN.... QUES AEQUO?

    Le« queuton » le plus célèbre fut probablement l’âne de Buridan, qui mourut, d'après Spinoza, de soif et de faim faute d’avoir su choisir par quoi commencer : l’eau ou le picotin !

    Maintenant avec les nouveaux maîtres le choix n’est plus à faire!

     Et l’eau et le picotin sont côtés en bourse ! Point besoin d’avoir à choisir : les deux rapportent « gros » aux gros et coûtent cher au pauvre diable !

     

    Hélas, il faut faire partie des quelques pour-cents et pourceaux pour en profiter. De ceux qui se partagent la moitié des gains mondiaux obtenus à partir de la sueur de manant (le capital-rente le plus profitable pour les salauds!)

    Mais restons orthodoxe : je vous le dis mes bons seigneurs, l’esclavage n’existe plus ! Puisque l’on en a fait de « bons » électeurs ! Tous les porteurs de devises, les enchasublés, les trousseurs de verbe à bavoir, les élites autoproclamées politiques, les acheteurs de particules, les syndicalistes rapiécées et verdâtres rêvant de haras et de capitainerie d’entreprise, les amateurs d’art cynégétique équestres dans les déserts des pessières et bouleraies de Sologne, les chapeautées chuintantes et suintantes amatrices d’estocades le savent bien !

    Et restons sages !

    En ces temps de suspicion qui font remonter la cote (enrichie à la fiente de pigeon) de notre bedonnant président mieux vaut parler de Buridan (1292-1363) que de finir dans les geôles de notre belle société technocrâto-boursière dirigée de main de maître par des escrocs (cités plus haut) et des filous médio(infra)crâtes !

    Oyez, oyez braves gens ! En cette belle année passée, 2014, les profits boursiers n’ont jamais été aussi élevés… Total, le lampant, par exemple ne verse aucun écu aux maistres gérants de nostre picaille… Des quelques milliards d’euro de bénéfice qu’il fit en cette propère année, ses travailleurs et le peuple (via les impôts) n’en verront goutte ! Car Total, le lampant, a fui pour placer ses ors vers des isles plus avenantes ou se trouvent la picaille des fortes et grosses seigneuries… Qui toucherons, elles, leurs dividendes de la manne boursière filant vers leurs coffres déjà pleins à craquer avant de s’évader vers les palmiers !

    Les « édentés », eux, n’auront droit à aucune aide pour se faire bricoler des ratiches de fortune ! Ils resteront dans leur lieu de mise à ban !

    Notre bedonnant présidant pouffera en privé avec ses rentières!

    Mais revenons à Buridan…

     

    Le maître supposé du queuton, jean Buridan (1292 - 1363), fut un laudateur du scepticisme religieux, et comme il se doit, il fut persécuté par ses contemporains "réâââlistes" (- trois "A" comme la note dont on rêve dans les salons de Bercy!)…

    Lesquels étaient en fait d’affreux tyranneaux qui hors des « saîîîîntes révélations » (trois "i" ? Mais qu'est-ce que ça signifie ???) ne voyaient point de salut !

     

    Car les puissants d’alors restaient dans la ligne du « bon » Louis IX (1214-1270) qui forçait les « déicides » juifs à se convertir (pour leur bien, pour leur « intégration »…)

    Souvenirs ! Souvenirs !

    Le neuvième Louis leur fit de plus porter la rouelle jaune (cousu sur la poitrine et au milieu du dos !), les expulsa, leur vola leurs biens, ordonna le « brûlement du Talmud » (après « jugement ») par deux fois (en 1240 et 1244)… Anticipation sur les méfaits d’un certain petit moustachu ???

    Le « juste » monarque instaura aussi l’inquisition (1233) et lança la douce mode de la « chasse aux sorcières »… On imagine de quel bois se chauffait, en ces temps reculés, le bon paroissien ! Bon paroissien qui avait de quoi se réjouir : inquisition, croisades, sus à ceux qui n’étaient pas papistes… Du sang « impur » coulait dans les sillons ! Les « bons » chrétiens d’aujourd’hui arguent qu’alors les mœurs étaient différentes et que la tolérance était un sentiment inconnu… Allez donc dire cela au  p’tit Jésus  !

    Les deux croisades furent de belles et saintes épopées : pillage de Damiette en Egypte où ils continuent leur sac jusqu’à Mansora…

    Le sultan Ayyoub malade (tuberculose) proposa au « bon » roi d'échanger la ville de Damiette contre celle de Jérusalem…

    Mais le preux Louis neuf refusa, car il ne voulait pas traiter avec un infidèle vaincu et qu'on disait sur le point de mourir… Belle compassion chrétienne !

    De plus pour financer les croisades contre les mécréants mahométans, qu’il convenaient alors d’occire de toutes les façons possibles pourvu qu’elles fussent longues et douloureuses, car l’islam était alors considéré par les chrétiens comme une secte), notre futur « Saint » pressura son peuple d’impôts…

    Voyages guerriers et désastreux au moyen orient !!!!

    Mais de retour dans sa capitale, Montreuil sous bois (Vincennes n’était qu’un faubourg de la susdite) le saint t’homme couronné, rendait la justice sous un chêne… Il savait manipuler les médias, le gus, en l’occurrence son chroniqueur attitré Jean de Joinville (le pont, pon ! pon !) Le brave homme !

    Voilà l’état d’esprit du grand « Saint Louis » ! …

    Voltaire n’a-t-il pas écrit dans "Essai sur les moeurs" à son propos: "il n'est pas donné à l'homme de porter plus loin la vertu". Et par là même l'esprit de l’époque ! Belle épitaphe… Quoique…

    Car Voltaire, esclavagiste, modèle de l’exploiteur, mauvais scientifique (opposition à Buffon), colporteur de balivernes (les quatre éléments), s’il se battit aussi pour des causes justes (affaire Callas), n’était pas, et de loin, l’homme « honnête » que tendent à nous décrire tous les bavards conservateurs actuels…

    De fait, tout oppose Buridan à Voltaire…

    Septique, adepte de l’étude naturaliste, Buridan définit la science comme une disposition mentale acquise par la démonstration (Biard). Une lumière avant l’heure… Certainement pas un candelabre sarcastique critiquant la science et les naturalistes sans fondement sérieux comme l'arriviste Voltaire !

    Voltaire tout imprégné de la scolastique aristotélicienne… Et de ses archaïsmes…

    Vivant au 14 ème siècle, Buridan est de ce point de vue bien plus moderne que le sieur de Ferney !

    Et ce contre quoi lutta Jean Buridan c’est justement l’affirmation sans recherche des causes et des effets…

     Car le clerc était philosophe, et logicien, et physicien…

    Il fit ailleurs des propositions qui croisent la balistique et la sociologie…

    L’impetus !

    L’impetus !

    L’inertie des corps… Et des idées !

    L'inertie des idées... Leur impetus! Il suffit de les propulser avec assez de force les idées... Des idées bien crades, le racisme anti-arabe par exemple. Misent en branle par des cyniques, au sens trivial)... Et tout cela gagne chaque jour du terrain par inertie !

    L’inertie qui fait que la « tolérance » Ludovi-sancti-ienne redevient de mode et conduit aujourd’hui à une jolie et jouissive chasse aux sorcières…

    Regardez certaines caricatures qui ciblent le physique et la manière de se vêtir (nez busqué, teint mat, dos vouté, regard fourbe, djellaba, tchador, babouches, turban, foulard) pour tourner en ridicule non seulement une religion mais aussi une façon de vivre…

     

    La répétition insistante du même thème, la rémanence de la cible affublée de traits toujours soulignés comme il se fit à propos des juifs en des temps de sinistre mémoire.... Depuis l'arrivée de Val à la direction de Charlie la critique (peut-on parler d'humour?) s'en prenait surtout aux musulmans... Pas seulement à la religion mais au peuple lui-même... Ces caricatures ne sont elles pas condamnables par leur caractère raciste???

    D'autant que le même Val chassait Siné qui s'était moqué du fils de Sakozy, son copain... Siné qui fut relaxé et lavé devant les tribunaux de l'accusation de racisme!

    Mais dire cela c’est déjà être suspect !

    Pourtant, le grand Wolinski avait (hélas) vu juste. Il disait à propos de caricatures de du spécial Charia-Hebdo de Charlie-Hebdo : « je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il ne fallait pas le faire »

    La provoc pour la provoc, surtout si elle s’en prend à ceux qui diffèrent légèrement des canons tolérés par les dogmatismes à la mode, ça flatte les gonades des crétins, de ceux qui ne doutent de rien…

    Le doute… Voilà bien l’idée maîtresse de Buridan !

    Savoir que de multiples fils conditionnent nos jugements : le lieu de naissance, le climat, les mœurs, les modes de l’époque… Nos jugements ne résultent pas d’un ensemble de propositions qui nous sont propres, mais surgissent à partir des dispositions mentales héritées (héritage phénotypique et non génotypique)…

    Et nos convictions sont donc constituées par l’assentiment que nous donnons à ces propositions.

    Dès lors, comment départager la science de l’opinion… Le réel de la perception individuelle ?

    Dès lors, une proposition, même érigée en loi universelle, n’est vraisemblablement que le fruit provisoire de l’espace temps !

    On comprend que le doute érigé en méthode se rit des dogmes, du dogmatisme et des dogmatiques ! La philosophie, la science, les arts, le savoir se nourrissent de dialogues et de controverses, de propositions et de discussions.

    Le doute salvateur catalyse de la parole échangée ! Le regard à deux fois ! La discussion, l’échange des idées… La curiosité… LA CURIOSITÉ !!! Voila les conditions du progrès et de la véritable démocratie !

    Jean Buridan immense philosophe du XIV éme siècle!

    Et ses idées restent, en tous cas à des années lumières de la décrépitude de nos inerties actuelles, où la curiosité même n’est plus de mise… On ferme les musées à ceux qui n’ont pas le sou. Jeune, pauvre j’allais autant que je voulais visiter le Louvre qui était accessible gratuitement TOUS les week-end ! On limite les échanges sur l’internet sur l’ordre des Boloré et de la FNAC… Mais par contre notre libidineux président (du bulbe comme du torse) oublie ses promesses… Réduire l’impôt le plus injuste : la TVA… « Gras double » est un CON doublé d’un SALAUD triplé d’un MENTEUR!

    Pas surprenant aussi que l’on rejette aujourd’hui celui qui vient d’ailleurs , celui qui ne fait que passer… C'est dans l’air du temps qui fleure bon les lipides frits !

    Comme les idées immobiles nous exigeons, plus que de tous temps, la sédentarité !

    Celui qui ne fait que passer est toujours suspect !

    Vous n’y croyez pas ???

    Ah bon? Alors ça ne vous gêne pas, vous, ce prêt à penser qui gagne, qui gagne !!!

    Rigolons un peu tout de même !

    Oncques intellectuel, Buridan... Mais pas seulement ! Pataphysicien itou !

    Si Buridan fut homme de son siècle (il avait un charisme inhabituel pour attirer des subventions académiques), il fut homme d’abord, et bel homme, cuisse légère et queuton (si l’on en croit la légende…)

    Figure brillante et mystérieuse à Paris, de nombreuses histoires apocryphes narrent ses multiples aventures amoureuses.

    Car notre clerc fut un amant célèbre ! Et pas qu'un peu, le tonsuré!

    Savez-vous qu'en la tour de Nesle (oui ! oui ! la célèbre - et sinistre - tour de Nesle qui était située non loin de l’actuelle Mairie de Paris), il fit cocu le roi de France, Philippe V, au cours d'une partouze historique!

    On s’en amuse encore : flétrir d'un coup la robe d’une reine et la couronne d’un roi! Bravo! D'ailleurs, à ce qu'on dit, la reine était belle et grande (un peu hommasse peut être d’après les enluminures de l’époque!)... Et ce fut elle qui se plaignit!

    Et le roi petit, bedonnant, redressait ses lunettes quand il la regardait !

    Et comme l’a dit le poète elle chantait à voix de sirène... A moins que ce ne fut la précédente… Jean de Joinville (le pont, pon ! pon !) ne le précise pas !

    Le Buridan lutineur et butineur de Reine fut surpris, reconnu et jeté en Seine par les mastroquets partouzeurs… Par chance une barque chargée de foin se trouvait au pied de la tour de Nesle… Sur laquelle il chut et réchappa ainsi à la vindicte des hallebardiers et autres gens d’arme.

    Et notre brave philosophe turgescent échappa de justesse aux vindictes…

    Du roi courroucé d’abord… Et de la reine énamourée ensuite…

    Si leçon de cette périlleuse aventure il faut chercher, ce serait celle-là : entre deux maux il faut toujours choisir (servir…) le moindre… L'eau de la Seine fut celle-là!

    Leçon qui éloignerait l’amoureuse péripétie du maître... De celle, plus triviale, de son âne indécis rapportée par le grand Spinoza !

     Oui c’était un vrai et fort et honnête gaillard, le Buridan !

    Dont il serait séant de s’inspirer !

    Mais, pour vous, les assis, rassurez-vous, cela ne se peut plus en nos temps intégristes!

    Persécuté par les réalistes, Buridan se retira en Allemagne puis enseigna à Vienne. En tant que nominaliste, il ne pouvait admettre l'existence de l’absolue liberté humaine (qui justifie au sein de l’église l’idée de péché… L’homme fait libre par Dieu choisit entre le bien ou le mal…) tout en défendant celle relative. Voila pourquoi ce petit clerc picard a longuement discuté la question du libre arbitre dans ses commentaires sur l'Éthique d'Aristote.

    De ce point de vue il succède à Epicure et précède John Stuart Mill ou … Michel Onfray !

    Un humaniste libertaire épicurien !

    Joie suprême et posthume : les Occamistes réussirent à faire placer les écrits de Buridan sur l'Index Librorum Prohibitorum (de 1474 à 1481).

     

    Pour terminer, comme dit cet admirable penseur, le grand J.P. Verheggen, « Entre moteur, mother ou motets pour curés du texte un peu trop emballés, faudrait pourtant voir, de temps en temps à pauser ! »

    Pausons donc sans poser (prendre des poses!)


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